Lettre au ministre Wilkinson - Rejeter le projet de mine de sables bitumineux Teck Frontier
Crédit photo : Indigenous Climate Action
20 janvier 2020
Re : Rejeter la proposition de projet de mine de sables bitumineux Teck Frontier
Monsieur le Ministre Jonathan Wilkinson,
Nous vous écrivons en tant que représentants d'organisations autochtones et environnementales de tout le Canada pour demander à votre gouvernement de rejeter le projet de mine Teck Frontier dans le nord de l'Alberta. La mine Frontier aurait de graves répercussions sur les droits issus de traités des communautés autochtones, sur l'habitat déjà menacé des espèces en voie de disparition et sur la crédibilité du Canada dans la lutte contre le changement climatique. Les conditions proposées ne répondent pas aux préoccupations des communautés qui ont été soulevées lors des audiences publiques sur le projet et n'atténuent pas efficacement les effets négatifs connus de la mine sur l'environnement.
Le Canada s'est engagé à traiter les conséquences de la colonisation sur les peuples autochtones, qu'il s'agisse des pensionnats ou des femmes, filles et personnes bispirituelles assassinées ou disparues, par le biais d'un modèle de vérité et de réconciliation. Les droits des autochtones sont reconnus dans l'article 35 de la constitution canadienne, dans de nombreux traités et dans la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP). Pourtant, le gouvernement canadien continue de faire avancer des projets d'extraction qui dépossèdent encore davantage les communautés autochtones de terres, d'eaux et d'écosystèmes stables essentiels à nos cultures.
La commission d'examen conjoint (CEC) a estimé que le projet Frontier "aura des effets environnementaux négatifs importants sur les droits revendiqués, l'utilisation des terres et des ressources et la culture des groupes autochtones qui utilisent la zone du projet". Les communautés situées en aval du projet connaissent déjà une dégradation de leur capacité à utiliser leurs terres et territoires traditionnels en raison de l'extraction des sables bitumineux au cours des 60 dernières années. La mine Frontier devrait être située à seulement 17 km du village indigène de Poplar Point, une réserve de la Première nation Athabasca Chipewyan, et dans les zones de chasse et de pêche traditionnelles de nombreuses communautés indigènes voisines. Il est grand temps que le Canada honore ses traités et respecte les droits des autochtones en rejetant cette proposition.
Le projet Frontier représente également une menace sérieuse pour le million d'oiseaux migrateurs qui survolent la région, pour les espèces en danger qui dépendent d'un habitat intact dans la forêt boréale et pour les eaux en aval de la rivière Athabasca. Il menace de détruire de grandes parties de l'habitat de l'un des seuls troupeaux de bisons des bois en liberté et exempts de maladies, et se trouve directement sur la route de migration de la seule population sauvage de grues blanches menacées d'extinction, qui se dirige vers le parc national Wood Buffalo pour se reproduire. La dégradation de l'habitat de ces espèces risque de compromettre leur rétablissement, et il est peu probable que les mesures d'atténuation proposées permettent de remédier à ces effets néfastes.
Il s'agirait du projet d'exploitation des sables bitumineux le plus proche du parc national Wood Buffalo et du delta Paix-Athabasca. Le déclin de la santé écologique dans le parc est lié à l'exploitation cumulative des sables bitumineux en amont de la rivière Athabasca, et le projet ne ferait qu'exacerber ces menaces. Frontier prélèverait 24 000 piscines olympiques d'eau chaque année, soit 2,76 milliards de m3 pendant la durée de vie du projet, ce qui mettrait en péril des zones humides déjà menacées dans la région et au-delà. Compte tenu des risques de fuites de résidus, de déversements et d'accidents pour le parc, le delta et les communautés en aval, il est clair que les impacts environnementaux locaux ne sont pas justifiés.
Par ailleurs, l'approbation d'une nouvelle mine massive pour extraire des combustibles à forte teneur en carbone pendant des décennies serait radicalement incompatible avec la déclaration d'urgence climatique faite par votre gouvernement cette année. Au cours de la campagne électorale, le Parti libéral s'est engagé à réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre dans l'ensemble de l'économie d'ici 2050, ce qui est bien en deçà de la durée de vie de ce projet. À elles seules, les émissions annuelles en amont de Frontier sont susceptibles de s'élever à six mégatonnes. En outre, la faisabilité économique du projet repose sur une demande mondiale croissante de pétrole, ce qui est incompatible avec les objectifs de l'Accord de Paris sur le changement climatique.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a déclaré en 2018 que limiter le réchauffement à 1,5 degré "nécessiterait des changements rapides, profonds et sans précédent dans tous les aspects de la société". La mine Teck Frontier ne ferait qu'entériner et prolonger le statu quo. Plus récemment encore, 11 000 scientifiques ont signé une lettre ouverte adressée aux décideurs politiques du monde entier, dans laquelle ils mettent en garde contre des "souffrances indicibles" si l'humanité n'agit pas rapidement pour lutter contre le changement climatique, en déclarant : "Nous devrions laisser les stocks restants de combustibles fossiles dans le sol". C'est ainsi que vous traitez l'urgence climatique comme une véritable urgence. Votre gouvernement a également promis une loi sur la transition juste qui pourrait être la pièce maîtresse d'une stratégie plus large de création d'emplois de qualité qui résoudrait le problème du changement climatique, s'attaquerait aux inégalités et respecterait les droits des peuples autochtones.
Le Canada ne peut pas relever ce défi tout en approuvant des projets qui violent les droits des peuples autochtones, menacent la biodiversité et alimentent le changement climatique. La mine Teck Frontier n'a pas sa place dans le pays tourné vers l'avenir que votre gouvernement s'est engagé à construire à plusieurs reprises.
S'il vous plaît, faites ce qu'il faut et rejetez cette proposition.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments distingués,
Action des populations autochtones en faveur du climat
Micmacs de Gesgapegiag
UBCIC
Le projet "Réalité climatique" au Canada
Les gardiens de l'eau
Comité pour la nature sauvage
Greenpeace Canada
Défense de l'environnement
Conseil des Canadiens - Ottawa
Justice climatique Edmonton
Somme des unités
Terre.debout
Société écologique de Yellow Point
LeadNow
Association canadienne du bouddhisme engagé
Secwepemc Women Warriors Society (Société des femmes guerrières de Secwepemc)
Guerriers de la petite maison
Réseau indigène sur l'économie et le commerce
Droit de l'environnement de la côte ouest
Les unitariens canadiens pour la justice sociale
Les habitants de Burnaby s'opposent à l'expansion de Kinder Morgan
Soutenir les États-Unis
Les unitariens canadiens pour la justice sociale
ENvironnement JEUnesse
RAVEN Trust
CODEPINK
KAIROS Canada
Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville
Équiterre
L'Université du Nouveau Mexique
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Le projet WaterWealth

